Les régimes de pension garantis : le coût caché de la garantie

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Dans mon article concernant “la sous-évaluation des coûts techniques des produits de pension”,  j’ai estimé le coût réel d’un régime de retraite avec garantie à environ 3%, dont 1% de frais de fonctionnement et les 2% restants sont le coût caché de la garantie.

Pour arriver à cette estimation, je suis parti d’une question hypothétique : quel rendement les assurés peuvent-ils espérer s’ils renoncent à la garantie du capital et aux taux minimums garantis ?

L'exemple du marché français

Performances marché actions et produits de pension

Pour illustrer mon propos j’aimerais utiliser l’exemple du marché français . Si l’on compare la performance du fonds garanti AFER (Association Française d’Epargne et de Retraite: la référence en France) d’Aviva avec la performance d’un investisseur ayant placé toutes ses avoirs sur le CAC 40 (actions françaises) entre fin 1976 et 2019, on obtient une performance annuelle de 6,88% pour les produits à taux garantis et de 10,76% pour les investissements plus risqués en actions.

La différence entre les deux est de 3,88 % par an, ce qui, selon moi, représente le coût de la garantie – en termes d’opportunités perdues pour l’assuré.

Il se peut qu’elle soit légèrement supérieure à celle que nous aurions observée à une autre époque, car la performance dans notre exemple est exceptionnellement élevée en raison de la période d’inflation à deux chiffres que l’ensemble de l’Europe a connue dans les années 1970 et jusqu’au début des années 1980.

L'analyse LongueVueAnalytics

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Toutefois, sur des périodes allant de 20 à 30 ans, la performance du marché boursier reste toujours supérieure à la performance du régime garanti – quelle que soit la période choisie. De plus, pour les pays où j’ai pu faire une étude similaire, comme l’Italie et la Belgique, j’ai obtenu des résultats similaires : entre 2% et 4% de différence de rendement annuel selon le pays ou la période (se stabilisant autour de 3% sur des périodes plus longues).

Bien sûr, on pourrait objecter que cette différence de 3% inclut les 0,74% de frais dont les compagnies d’assurance ont besoin, en moyenne, pour fonctionner même si elles n’offraient pas de taux garanti. (voir mon blog sur : « Plans de pension garantis : les coûts techniques de fonctionnement sont sous-estimés ! »)

Petit % – Grosse conséquence ?

Pour simplifier supposons que ces coûts (ou frais) inévitables soient de 1%, cela a encore des conséquences énormes pour le futur retraité.

La différence entre 1 % et 3 % peut ne pas sembler petite sur un an. Mais lorsqu’on l’applique à un fonds de pension sur 40 ans, cette différence de 2% pourrait se traduire par une pension de 60% plus élevée.

mini calculette avec les symbole plus, moins, multiplier et égal

Quelle bonne solution ?

Aujourd’hui, ma conviction est donc qu’un régime à cotisations définies assorti d’une garantie n’est pas la bonne solution pour le salarié. On peut dire que ce n’est pas non plus la bonne solution pour l’assureur, étant donné les problèmes liés à Solvabilité II et la baisse de rentabilité qui en découle. Et ce n’est certainement pas la bonne solution pour l’employeur, qui, dans de nombreux pays, a l’obligation légale de couvrir les responsabilités si l’assureur n’atteint pas ses objectifs ou fait faillite.

Nécessité d'engager des discussions ...

Bien sûr, il n’est pas facile de fermer des régimes de retraite garantis qui sont en vigueur et qui resteront actifs pendant des décennies – c’est pourquoi tant d’assureurs continuent à les proposer.

Mais pour les responsables de la rémunération et des avantages sociaux qui sont en mesure d’adopter une approche différente, le moment est venu d’ouvrir les discussions avec les employés.