Plans de pension garantis : des coûts de fonctionnement sous-estimés !

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Les régimes de pension européens utilisent des centaines de structures de frais différentes, dont certaines sont simples et d’autres pas.

Nous ne pouvons pas toutes les examiner, aussi le moyen le plus simple d’illustrer les coûts réels payés par les assurés est de se pencher sur un exemple.

Branche 21 : la réalité des chiffres

L’association belge Assuralia, par exemple, livre des chiffres annuels sur le système belge de la branche 21. Ces chiffres montrent que – entre 2011 et 2018 – les frais d’administration et de gestion ont représenté 0,6 % à 0,7 % des actifs en gestion, et les charges sur les cotisations varient de 1,4 % à 1,8 % sur les primes des assurés Je suis d’avis que ces coûts/charges sont des sous-estimations.

ASSURALIA DATA

Une recherche de la “Better Finance Association” indique que si 13 % des fonds de la branche 21 belge coûtent moins de 1 % alors que 18 % imposent des frais qui dépassent 5 %.

“Dans le cas des plans de pension sectoriels, le niveau des frais varie considérablement, en allant de 0,5 % à 8 % des primes en 2017 “, précise l’association. “La moitié des plans gérés par des compagnies d’assurance ont prélevé des frais inférieurs à 2% des primes en 2017. Néanmoins, 18% des plans ont appliqué des frais supérieurs à 5% des primes.” 

Alors, pourquoi les frais que les assureurs publient semblent-ils différer des coûts réels ?  À mon avis, la réponse réside dans la façon dont les frais généraux des compagnies d’assurance affectent leurs calculs de participation aux bénéfices.

L'impact du calcul de la participation aux bénéfices

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Comment est réalisé ce calcul ?

Le problème est que les fonds de pension à taux garantis ne sont pas cloisonnés, de sorte qu’il est parfois difficile de faire la différence entre les actifs gérés par la compagnie d’assurance pour le compte des pensions et les actifs gérés pour le compte de l’assurance-vie.

À la fin de chaque année, les assureurs re-distribuent une part de bénéfices à leurs assurés. Ces bénéfices sont calculées en soustrayant des bénéfices obtenus sur les marchés boursiers les frais généraux de la compagnie, qui sont basés sur le temps que les employés de la compagnie d’assurance consacrent aux fonds de pension et le temps qu’ils consacrent à l’assurance-vie.

Une transparence difficile

Cela semble raisonnable, mais dans la pratique, il est très difficile de s’assurer que ces calculs sont scientifiquement fondés. Par conséquent, il est extrêmement difficile de calculer avec précision la part de bénéfices que les différents types d’assurés devraient recevoir.

Ces coûts n’apparaissent qu’en partie dans les frais d’administration et de gestion, et parfois viennent en déduction de la performance du fonds de pension en raison de la baisse de la participation aux bénéfices. En bref ils résultent comme un manque à gagner, non pas comme une charge.

La transparence n’est pas facile à obtenir, même pour l’assureur lui-même.

Le véritable coût des régimes de pension

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Quelle une image réaliste des coûts ?

Le calcul de la participation aux bénéfices n’est pas la seule raison pour laquelle les structures de frais des assureurs ne donnent souvent pas une image réaliste des coûts des fonds de pension.

Les frais publiés ne prennent pas non plus en compte les coûts liés à la marge Solvabilité II, y compris les options que les assureurs achètent pour couvrir le taux minimum garanti. Du début à la fin, il est difficile de donner un chiffre exact des coûts de gestion d’un fonds de pension.

Prenons les chiffres publiés par Assuralia pour les pensions avec garantie, comme mentionné précédemment. Le Total Expense Ratio 2018 peut être calculé à 0,74% [0,6% de frais administratifs + (1,4% de commissions/10 ans)].

Cependant, j’estime que le coût réel est plus proche de 3 % que de 0,74 %. Et sur ces 3 %, je pense que 1 % est dû aux coûts d’exploitation techniques de la société, et les 2 % restants au coût caché de la garantie. Nous aborderons le coût lié à la garantie ultérieurement dans mon prochain chapitre.

Comment avoir une image réaliste des coûts ?

Comme nous le verrons, la solution pour surmonter ces coûts est une pension à cotisations définies sans garantie (unit linked, ou unité de compte en France alias Branche 23 en Belgique) dans le cadre d’un arrangement IRP (Institutions de Retraite Professionnelle). C’est peut-être un peu plus risqué à court terme, mais résolument plus transparent et efficace à long terme.

Article de Paolo Lippi